Bienvenue sur la page dédiée à mes travaux de recherche, où convergent mes deux axes principaux d’expertise : les sciences de l’information, une discipline résolument pluridisciplinaire, et l’analyse approfondie de la Russie.
En tant que chercheure, j’explore les dynamiques complexes des processus d’information, en m’intéressant tout particulièrement à leur traitement dans la cognition humaine, c’est à dire à la perception et à l’interprétation des informations. Mes travaux s’inscrivent dans une démarche interdisciplinaire, combinant des approches issues de la communication, des sciences sociales, de la psychologie sociale, parfois des neurosciences, pour mieux comprendre comment les individus perçoivent, interprètent et réagissent aux flux d’informations, en particulier en période de crise.
Mon analyse des enjeux contemporains s’appuie donc sur une combinaison de recherches théoriques et d’observations empiriques. Je m’attache à décrypter les stratégies de guerre hybride, les dimensions informationnelles des conflits, et leur impact sur les représentations et les croyances des publics, tant en Europe qu’ailleurs. Je publierai ici des liens vers mes articles académiques à venir ou en cours, ainsi que des informations sur les projets sur lesquels je travaille activement.
À défaut de publications complètes, vous y trouverez des indications sur mes axes de recherche principaux, tout en respectant les exigences de confidentialité et de protection de mes travaux. Cette page illustre mon engagement à approfondir les interactions entre l’information, la cognition et les réalités géopolitiques contemporaines. J’espère qu’elle éveillera votre curiosité et encouragera des échanges enrichissants dans le respect des normes de propriété intellectuelle.
En Europe, la propriété intellectuelle est protégée par des cadres juridiques solides, comme la directive européenne sur les droits d’auteur (Directive (UE) 2019/790), qui garantit le respect des droits des créateurs sur leurs œuvres et leurs recherches. Toute utilisation ou reproduction d’un contenu protégé sans l’autorisation explicite de son auteur est strictement interdite et peut entraîner des sanctions. Cette réglementation vise à préserver l’intégrité des travaux intellectuels et à encourager un environnement de recherche respectueux.
Les chemins de la perception de l’information vers la cognition, à l’ère du numérique et en état d’incertitude
L’étude du traitement de l’information, c’est-à-dire des processus cognitifs impliqués dans la perception et l’interprétation de l’information, en situation d’incertitude, reste relativement peu explorée. Cela contraste avec la littérature en études de gestion, où l’analyse de la prise de décision en contexte incertain est largement documentée. Le retour de la guerre sur le continent européen, après le conflit en ex-Yougoslavie dans les années 1990, illustre une période marquée par une forte incertitude. Selon la théorie de la cognition sociale de Léon Festinger (1957), l’incertitude est la situation dans laquelle les personnes ne disposent pas d’informations suffisantes pour l’élaboration d’un jugement ou d’une décision. À l’ère du numérique, l’incertitude peut concerner la véracité d’une information reçue, en raison d’un manque d’éléments permettant d’en évaluer la validité. L’incertitude peut entraîner une dissonance cognitive, définie par Festinger (1957) comme l’« existence de relations incompatibles entre des cognitions », lorsque la personne est exposée à des informations contradictoires ou incapable de résoudre un conflit entre ses croyances. Cela entraîne non seulement un état d’inconfort psychologique mais une mise en danger des représentations (vision du monde). Cet état d’incertitude, observé chez mes répondants, au cours de mes travaux dans le cadre de ma thèse, et publié aux Editions L’Harmattan, a été révélé dans les réponses cognitives fournies lors de mes entretiens. En effet, réduire l’incertitude implique la mise en œuvre de stratégies cognitives et comportementales visant à l’atténuer (Chabrol et Radu, 2008).
Nourrir une réflexion au croisement des disciplines
Mes travaux s’inscrivent dans une perspective élargie intégrant les dimensions de défense et de sécurité, en cohérence avec mon rattachement au programme Défense et Sécurité intérieure de l’AMU. Je transmets également cette perspective élargie à mes étudiants du Master Sécurité et Défense de l’Université de Montpellier, en les sensibilisant aux enjeux stratégiques et interdisciplinaires de ces domaines.
Cette approche synergique crée une dynamique cohérente, renforçant la compréhension et l’intégration des enjeux stratégiques dans ces domaines. Comme le souligne Edgar Morin1, l’un des plus ardents défenseurs de l’interdisciplinarité, elle s’impose si l’on veut mettre fin au « découpage des disciplines qui rend incapable de saisir “ce qui est tissé ensemble”, c’est-à-dire, selon le sens originel du terme, le complexe » (Morin, 1999a : 14)
Ou se situe ma thèse dans une approche de la « guerre cognitive » en SIC (Sciences de l’Information et de la Communication) ?
Diapositive tirée de mes cours à l’Université Paul Valéry de Montpellier 2024-2025
J’ai réalisé cette diapositive afin d’expliquer à mes étudiants, les deux « échelons » des guerres informationnelles, telles que je les conçois dans ma discipline, et le positionnement de ma thèse en cours au sein de cette structure. Ce schéma ne constitue pas une unique explication mais propose une version de celle-ci, en SIC.
Le schéma montre deux caractéristiques essentielles de la guerre de l’information et celle dite « cognitive » : l’objet de l’influence et la temporalité de l’une et de l’autre. Premier point , l’objet de l’influence : alors que la guerre de l’information tentera d’influence ce que nous pensons, la guerre cognitive cible la manière dont nous pensons. Deuxième point : la temporalité. Influencer ce que nous pensons a un impact à court terme (c’est croire ou non une fausse information par exemple). Influencer la manière dont nous pensons aura une action prolongée et agira sur le (très) long terme, voire une génération (c’est transformer la manière de penser le rôle de l’OTAN par exemple). Telle est l’une des difficultés de mesurer l’impact de l’influence, car nous n’avons peut être tout simplement pas conscience aujourd’hui des modifications hypothétiques de notre manière de penser. Il est a noter toutefois que nos représentations du monde et nos représentations en général, ne sont pas figées, mais évoluent dans le temps avec nos expériences. C’est en quelque sorte une matrice fluctuante qui s’alimente à partir des expériences cognitives (nos interactions sociales, les informations que nous interprétons, nos apprentissages, etc…). Les travaux de Bernard Claverie (Des théories pour la cognition – Différences et complémentarité des paradigmes), expliquent très bien ces évolutions. Influencer la manière dont nous pensons n’est donc pas uniquement l’apanage d’une ou plusieurs « puissances malveillantes » mais est également l’une des conséquences des médias en général, de nos institutions mais aussi de nos proches et amis, de nos collègues, de nos professeurs, etc… qui constituent notre infosphère et ses relais.
J’émets également d’autres hypothèses, fondées d’une part sur mes travaux en cours et d’autre part sur ma spécialité en géopolitique/sécurité et défense : si l’une des caractéristiques de la guerre « cognitive » est son action/résultat prolongée dans le temps long (voir schéma), celle-ci se portera en priorité sur les jeunes générations. De multiples exemples concrets, montrent que les réseaux sociaux, et en particulier ceux utilisés par les jeunes générations (les 40+ sont-ils vraiment sur Tik Tok ?) sont particulièrement ciblés pour la diffusion de message visant à influencer/modifier les représentations du monde.